Chronique d’une équipe confinée - Semaine 9
Aujourd’hui, nous nous penchons sur la perception des personnes déficientes visuelles par rapport à nos nouveaux modes de fonctionnement professionnels, mais aussi par rapport à nos nouvelles et futures habitudes de vie.
On le sait, pour les personnes déficientes visuelles, trajet et mobilité représentent de grands challenges mais aussi de belles fiertés ; on pourrait se dire que, du coup, télétravailler c’est une excellente chose. Comme d’habitude ce n’est pas si simple…
Comme pour le reste de l’équipe, ce n’est pas en premier lieu l’impact sur la mobilité qui a été ressenti par Vincent et Frédéric, mais la perte des contacts directs tellement nécessaires à leur appréhension du monde et le besoin de s’organiser différemment pour préserver une certaine routine professionnelle.
Ce sont plus les nouvelles habitudes qui posent problème : utiliser les transports en commun, se positionner dans des files sans aucune indication de proximité, ça rend le respect de la distanciation sociale très stressant et le malaise des autres est à cet égard très perturbant : si dans les circonstances « habituelles » la plupart des gens n’hésitent pas à proposer leur aide, ici, c’est le plus souvent le silence qui est de mise avec l’incertitude et la perte totale de repères que cela entraîne.
Les aménagements provisoires de la voie publique pour aider au respect de la distanciation sociale sont également perturbants : comment les identifier, ne pas être surpris de se retrouver face à des cyclistes ou autres usagers de moyens de mobilité alternative dans une rue connue pour être à sens unique, comprendre (et faire comprendre à son chien-guide) qu’ici le trottoir c’est sur la route…comment accéder aux informations visuelles et pictogrammes de plus en plus nombreux ?
Pour ce qui est du port du masque pour une fois nous sommes sur pied d’égalité en termes de communication : ne pas avoir accès au non-verbal, ou de manière extrêmement limitée, c’est le quotidien des moins voyants et nous allons devoir, nous aussi, aiguiser nos autres antennes. Par contre la perte d’acuité olfactive induite par le masque les prive, eux, d’un sens supplémentaire : on a beaucoup parlé de ses conséquences pour les personnes sourdes moins pour les déficients visuels…
Nos apprentissages :
Adaptables nous le sommes tous, certains de manière plus forcée que d’autres. Partager même partiellement un univers nous aide à mieux comprendre les difficultés liées à la déficience visuelle. Reste à en tirer des leçons pour l’avenir afin que cet apprentissage aide à l’intégration et à la prise en compte des besoins spécifiques de chacun, surtout à l’heure du retour sur des lieux de travail plus classiques « aménagés » en fonction de la nouvelle situation : comment accéder alors à cette information et ces échanges qui seront principalement visuels ?
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